Séminaire : "Musique et Intelligence artificielle"
Ce séminaire, co-organisé par le Collegium Musicæ et le SCAI de Sorbonne Université, s'est déroulé le 24 mars 2021 en visioconférence.
La réflexion sur l’inscription corporelle des improvisateurs artificiels est jusque là restée au second plan. Pourtant, deux développements récents dans l’étude de la cognition et de l’action humaines suggèrent que cette focalisation quasi exclusive sur le software reste insatisfaisante. D’une part, les théories de la cognition incarnée développées en sciences cognitives insistent sur la nécessité́ de prendre en compte l’inscription corporelle des processus cognitifs pour les comprendre scientifiquement et les reproduire artificiellement. Ce qui est vrai de la cognition en général se vérifie également dans le cas de la musique, et en particulier de l’improvisation musicale.
D’autre part, la psychologie de l’action a également mis en évidence le rôle crucial joué par l’inscription corporelle des agents dans leur capacité́ à se coordonner au cours d’actions collectives. L’expression d’attitudes sociales par le corps ainsi que la perception multimodale du corps d’autrui sont des facilitateurs importants de la coordination. Le rôle du corps est particulièrement saillant dans les actions conjointes impliquant une coordination émergente, plutôt que planifiée, dans la mesure où elle est sous-tendue par des mécanismes d’entraînement, de simulation motrice ou de couplages sensorimoteurs qui impliquent directement des propriétés du corps.
Il s’agit de conceptualiser clairement ce qui manque à un logiciel pour disposer d’une inscription corporelle, au-delà̀ d’une simple inscription matérielle, et de déterminer si un robot musicien possède véritablement une cognition incarnée et une gestuelle instrumentale, et si oui en quels sens. Il conviendra aussi de déterminer si la perception multimodale du corps du co-improvisateur est décisive pour la coordination, ou si c’est plutôt le fait même d’interagir avec un improvisateur pourvu d’un corps similaire qui compte, indépendamment du fait qu’il soit visuellement perçu ou non.
Ce séminaire s'inscrit dans l'axe-programme " Improvisation - Apprentissage - Intelligence Artificielle" du Collegium Musicæ. Il avait pour objectif de favoriser le dialogue entre les deux communautés de chercheurs.
Programme :
- 14h - Hugues Genevois (LAM/∂'ALembert) - "Quelques réflexions sur l’improvisation électroacoustique"
- 14h40 - Jérôme Nika (STMS-ircam, Sorbonne Université) - "Interaction avec des agents musicaux génératifs"
- 15h20 - Philippe Esling / Nino Devis (ircam) - "L'épanouissement créatif à travers une gestuelle instrumentale de l’IA"
- 16h - Laurence Devillers (LIMSI, Sorbonne Université) - "Les émotions dans le nudge des machines, en dialogue" avec Nicolas Obin (STMS-ircam, Sorbonne Université)
- 17h - Discussion