Nine AGNERAY-FOFANA : La construction du savoir sur les instruments de musique africains à partir de l’iconographie musicale dans les écrits européens du XVIe au XXe siècle

Violoniste, Nine Agneray-Fofana s’est produite dans divers ensembles instrumentaux (orchestres symphoniques, trios, quatuors et quintettes à cordes) à Lille, Paris et alentours. En parallèle, Nine Agneray-Fofana a également approfondi sa pratique instrumentale avec l’apprentissage du violon baroque et de la clarinette.

Titulaire d'un master en musique et musicologie, elle s’est aussi intéressée à l'ethnomusicologie. En Master 1, Nine Agneray-Fofana a donc rédigé un premier mémoire de recherche à propos des musiques traditionnelles mandingues et leur évolution historique, organologique et sociologique en ce qui concerne la harpe-luth kora. Ce travail a été poursuivi en Master 2 au sujet des griots traditionnels mandingues interprètes de la kora, et de leur adaptation à notre monde musical moderne, notamment dans le contexte de leur émigration en France.
Le projet de recherche doctoral de Nine Agneray-Fofana s’inscrit dans la continuité d’une collaboration établie avec ses encadrants au cours de son stage de Master 2 de cinq mois sur les documents visuels de musiques africaines dans les récits du missionnaire italien Antonio Cavazzi (1671, 1687, 1690, 1694, 1732), dont plusieurs ont été reprises dans les traités d'organologie de Filippo Bonanni (Gabinetto Armonico, Roma, 1722) et de Jean-Benjamin de La Borde (Essai sur la musique ancienne et moderne, Paris, 1780).

 

© Luc Camberlein
Nine AGNERAY-FOFANA : La construction du savoir sur les instruments de musique africains à partir de l’iconographie musicale dans les écrits européens du XVIe au XXe siècle

Question de recherche

 « La construction du savoir sur les instruments de musique africains à partir de l’iconographie musicale dans les écrits européens du XVIe au XXe siècle »

Qu’est-ce que les images anciennes d’instruments et de musiciens dans leur contexte permettent de dire des savoir-faire, des pratiques anciennes et de leur évolution ? 
Dans la présente thèse, la construction du savoir sur la musique est questionnée avec la prise en compte de la génétique des témoignages écrits et oraux. Certaines sources ont influé sur d’autres d’un point de vue textuel et visuel, entraînant des recompositions d’images, leur modification et la réinterprétation de leur contenu. Ce phénomène est très présent dans les sources antérieures au XIXe siècle, qui a vu un essor des voyages et donc de l’observation de première main. Certaines illustrations des récits les plus anciens ont été utilisées dans des traités musicaux occidentaux des XVIIe et XVIIIe siècles. Ceux-ci font parfois apparaître des contresens organologiques dûs à la compréhension erronée des pratiques musicales initialement observées. Pourtant, ces écrits ont longtemps déterminé la compréhension des musiques africaines en Europe.

Contexte

En associant des méthodes philologiques et ethnomusicologiques à un corpus d’images historiques de musiques africaines, cette thèse comporte une portée épistémologique qui ouvrira la voie à d’autres recherches du même ordre sur des musiques de tradition orale. C'estune première en ethnomusicologie française que de proposer une dialectique entre textes et images issus d’écrits européens sur les musiques africaines couvrant une période de plusieurs siècles. Les nouvelles données contribueront à l’histoire culturelle au travers du prisme des écrits occidentaux sur ces savoirs musicaux endogènes de tradition orale. 

La confrontation de ces observations avec les connaissances des détenteurs et détentrices des savoirs musicaux encore vivantes pourra soutenir et compléter la conservation de ces connaissances musicales et faire évoluer leur mode de transmission. D'autre part, cette comparaison pourra amener à vérifier la fiabilité de certaines sources de transmission des musiques de tradition orale, mais surtout de préciser les conditions de cette transmission. Il s'agit de joindre des méthodologies différentes à l’intersection entre les travaux menées à l’IReMus en philologie musicale, ethnomusicologie et iconographie et ceux effectués au MNHN au sein de l’équipe « Diversité et évolution culturelles » que dirige Susanne Fürniss en tant qu'ethnomusicologue africaniste.

Cette étude contribuera à la contextualisation et à la datation d'instruments africains dans les collections muséales historiques par la mise au jour, dans l'iconographie, de diverses technologies de facture et de morphologies d’instruments observés à des dates et lieux précis. Plus important encore, le présent projet permettra de rendre accessible ce type de ressource à la communauté scientifique par la création d'une base de données des images inventoriées et son articulation avec les bases de données iconographiques existantes

Laboratoires d'accueil

Cette thèse est accueillie par l'équipe Divec au Museum national d'Histoire naturelle (UMR 7206 Éco-Anthropologie) et co-encadrée par :

  • Susanne Fürniss, (UMR 7206 Éco-Anthropologie, MNHN) ;
  • Jérôme Cler, (UFR de Musique et Musicologie, Sorbonne Université, IReMus) ;
  • Florence Gétreau, (UMR 8223 CNRS, IReMus).

À télécharger

Découvrez le poster de Nine Agneray-Fofana, présenté à l'occasion du 3e séminaire général du Collegium Musicæ, le 14 novembre 2022, à propos de ses recherches :